Après quatre ans d'une présidence du PLR mouvementée, le député sédunois Georges Taver
nier, 32 ans, ne sollicitera pas un nouveau mandat, pour des raisons professionnelles.
Sur le plan électoral, quel bilan tirez-vous de vos quatre ans de présidence?
Durant mes qua
tre ans de présidence, nous avons as
sisté en Va
lais à une for
te poussée de l'UDC. Pro
por
tionnellement, le PLR est le parti qui s'en sort le mieux face à cette situation. Les conservateurs qui se trouvaient dans nos rangs avaient déjà rejoint l'UDC avant ma présidence. Depuis, nous avons résisté. Et plutôt bien.
Ce n'est pas l'impression qui domine...
Les chiffres sont là. Lors des élections fédérales de 2011, le PLR a obtenu un résultat réjouissant, puisque nous avons progressé de 1%. Les communales de 2012 ont été fantastiques pour nous. Nous avons confirmé notre rôle clair de deuxiè
me parti en Valais. Nous
avons également
connu une stabilisation de notre force dans les conseils gé
néraux. Du
rant ces communales, nous avons augmenté notre représentation dans les pôles urbains, avec des progressions importantes à Sierre, Saint-Maurice et Monthey et nous avons cartonné à Sion.
Mais il y a eu les cantonales...
En réalité, les cantonales de 2013 ont été contrastées. Au Grand Conseil, au système proportionnel, dans un contexte politique particulier, le PLR a réussi à maintenir ses 28 représentants, ce qui constitue un exploit, alors que tous les autres partis bien enracinés ont perdu des sièges au profit de l'UDC. Je rappelle que le PS a perdu deux sièges et le PDC sept.
Reste LA défaite au Conseil d'Etat.
La perte de notre siège est évidemment mon plus grand regret. Avec le recul, je pense que le PLR n'a pas été sanctionné pour son travail, nous avons été victimes de la volonté de changement et d'un contexte politique particulier, puisque notre candidat a dû faire face à quatre sortants et un phénomène politique et électoral.
Est-ce que le PLR a choisi la bonne tactique pour cette élection? Est-ce qu'il fallait vraiment organiser des primaires?
Comment faire autrement qu'organiser des primaires? Est-ce qu'un comité peut sortir un candidat d'un chapeau? Ou est-ce qu'on doit revenir à un parti de délégués? A mon avis, ce serait une erreur. Ce serait moins démocratique. Les primaires créent une émulation interne. Il ne faut pas balayer ce système parce que nous avons connu un échec. On peut l'améliorer, en élargissant le délai de paiement des cotisations par exemple. On aurait peut-être dû organiser plus de débats internes avant les primaires, mais l'histoire de la pierre a phagocyté nos énergies.
N'aurait-il pas fallu changer de candidat avant le premier tour, lorsqu'il devenait évident que l'affaire du caillou turc perturbait la campagne?
Nous avons analysé tous les scénarios possibles. Mais peut-on imaginer que le comité directeur, sans avoir un seul nouvel élément, désavoue l'assemblée générale du parti et les 1338 membres qui se sont prononcés en faveur de la candidature de Christian Varone? Ce n'était pas possible. Le comité directeur a confirmé, à l'unanimité, le candidat choisi par l'assemblée. Il n'y avait pas d'alternative.
Pascal Couchepin n'a-t-il pas eu raison lors de son intervention de Conthey?
Pascal Couchepin a simplement demandé à Christian Varone de dire qu'il se retirerait s'il était condamné à une peine de prison. Le jugement a été rendu après les élections avec un ajournement du prononcé de jugement.
Fallait-il vraiment aller au second tour?
Dans mon esprit, il était inimaginable de ne pas participer au second tour. J'ai dit le dimanche soir déjà qu'on serait présents... alors même que nous n'avions pas encore de candidat.
Que doit faire le PLR maintenant pour profiler quelqu'un en vue de la reconquête du Conseil d'Etat?
De par ma formation et mes activités professionnelles, j'ai une orientation management. Je cons
tate que le défaut des partis est de manquer d'anticipation pour préparer la relève politique. Dans une société où la médiatisation joue un rôle important, cet aspect devient primordial. Pro
filer quelqu'un n'est pas facile, d'autant plus pour le PLR qui détient moins de postes à responsabilité que le PDC. Nous avons donc moins de personnalités qui se retrouvent sur le devant de la scène. Nous devons maintenant mettre en évidence quelques personnes, dont des députés.
On pense à Philippe Nantermod.
La recette de Philippe Nanter
mod c'est avant tout du travail, des relations avec les médias. Il y a peut-être une formation à donner aux personnalités que nous devons mettre en avant.
Philippe Nantermod ne dérange-t-il pas un peu aussi?
Chez nous, les têtes qui dépassent ne gênent pas. Au contraire. Ce sont des forces pour le parti. Personnellement, je verrais bien Philippe Nantermod accéder au Conseil national.
En dehors des questions électorales, quelles sont vos plus grandes satisfactions?
Lors de ma dernière assemblée générale en tant que président, le 12 septembre prochain, nous allons créer un parti cantonal bilingue. C'est une grande fierté pour moi. Cela ouvre de nouvelles perspectives électorales. Bien sûr, le PLR ne va pas reconquérir le Haut-Valais par la création d'un parti cantonal, mais on peut désormais imaginer qu'un candidat haut-valaisan se présente pour le PLR, par exemple au Conseil d'Etat. C'était inimaginable jusqu'ici.
Durant votre présidence, vous avez proposé aux autres partis de se rencontrer, c'est ce que vous avez appelé les rencontres Supersaxo. Elles n'ont jamais eu lieu. Un regret?
Oui, c'est un regret. Je suis probablement le moins dogmatique des présidents de parti. Je défends mon os, évidemment, mais je suis un pragmatique, je cherche avant tout ce qui peut nous faire avancer. Comme président, on cherche d'abord ce qui divise nos partis, pourquoi ne pas regarder plutôt ce qui nous unit? C'était le but de ces rencontres. Quand l'UVAM a réuni les présidents des partis bourgeois, son président Jean-René Fournier nous a demandé si nous étions prêts à créer une plateforme des partis de droite pour promouvoir l'économie, j'ai été le premier à dire clairement oui. C'est d'ailleurs le rôle de l'UVAM, de la Chambre de commerce, de réunir les partis pour que tout le monde contribue à faire avancer l'économie. Le canton aurait tout à gagner si les partis se mettaient à rechercher à faire progresser le canton dans un effort commun.
Oskar Freysinger a pris la place occupée jusqu'ici par le PLR. Comment percevez-vous ses premiers pas en tant que conseiller d'Etat?
J'ai été surpris de ce qui s'est passé avec la SPVal. Je suis surpris qu'un professionnel de la communication comme Oskar Freysinger n'ait pas senti le piège lors de l'interview donnée à la RTS. Il faut lui laisser du temps. Il doit se faire à son nouvel habit.
Je doute de l'efficacité du double mandat. Il dit vouloir défendre le Valais à Berne, je n'en doute pas. Mais s'il est absent lors d'un vote sur deux, on peut légitimement se poser des questions. Mais, ce n'est pas à un président de parti de tirer le bilan de son action, ce sera au peuple. Au PLR, nous ne sommes pas de mauvais perdants mais des démocrates. Ce n'est pas parce que nous avons perdu que nous allons systématiquement taper sur Oskar Freysinger.
Il est l'incarnation du gendre idéal. Soucieux de son image, ayant le goût pour une certaine élégance vestimentaire, Georges Tavernier développe aussi le sens de la retenue verbale. De ce point de vue, il est l'exact opposé d'Oskar Freysinger.
Lorsqu'il a repris la barre du paquebot PLR, personne n'ima
ginait que ce jeune homme à l'image très lisse saurait être un bon capitaine dans la tempête.
Lui, le quasi novice, issu du minuscule parti libéral, s'est retrouvé d'un coup, à 28 ans, à la tête d'un Parti nouvellement fusionné, dont une bonne part des membres n'étaient pas ses frères politiques, mais ses cousins germains.
Il a assumé la comparaison avec son prédécesseur, le meilleur orateur du canton, Léonard Bender, sans jamais avoir à en rougir, assumant pleinement sa différence, son propre style.
Le 6 septembre 2012, le soir de la fameuse primaire du PLR, Georges Tavernier s'est retrouvé à une place que personne n'enviait. Il a fait face, avec calme et dignité, à une salle chauffée à blanc, aux interventions musclées d'un ancien président de la Confédération hué, d'un ancien président du Conseil d'Etat et d'un analyste politique au bord de la syncope...
Certes, le paquebot PLR n'a pas atteint le rivage prévu, celui où il faisait escale depuis septante-cinq ans, mais il n'a pas sombré. Au contraire, il s'est sorti de ce raz-de-marée électoral indemne. Pour le capitaine, c'est là une belle performance.